(présentation)

 

Aux origines de l’Erdre et du Gesvres…            et du paysage de La Chapelle sur Erdre

(et réflexions sur les implantations humaines anciennes sur le territoire)

                        L’Erdre, le Gesvres, l’Hocmard, le Rupt qui sillonnent ou bordent la commune sont étroitement associés à l’histoire de La Chapelle sur Erdre. Ils ont en permanence  orienté, facilité, parfois contraint le développement des lieux de vie de notre territoire. Dans leurs vallées, les nombreux ruisseaux qui portent un nom parfois évocateur (un accident de terrain comme le Douet Profond, un passage comme le ruisseau de La Planche Bernard, une forme particulière comme le ruisseau de la Bombarde, de possibles propriétaires comme la Ménardais, le Gablin) témoignent de leur importance dans la mémoire collective.

            En s’appuyant sur des résultats de recherche récents et sur des observations de terrain, cet article vise à fournir une meilleure compréhension de l’origine du paysage chapelain. Les reliefs, semble-t-il usés, aplanis, ont été en réalité bouleversés il y a très peu de temps à l’échelle géologique. La jeunesse de ces bouleversements tectoniques est telle que l’on peut considérer que la carte de ce territoire, en particulier la géographie de ses cours d’eau et de ses reliefs, peut être lue, encore aujourd’hui, comme si ces phénomènes avaient pris place il y a quelques siècles à peine.

            Enfin, à partir des quelques informations archéologiques ou historiques disponibles - bien que fragmentaires - une tentative est entreprise pour imaginer comment ce territoire a pu être investi par nos ancêtres. Il s’agit là d’une approche totalement prospective…

 

Le partage du domaine de Louis Terrien, seigneur de la Maison Neuve du Brézeul et seigneur de Lépeau, en 1756

 

               Louis Terrien, avocat à la Cour, arpenteur et procureur fiscal de la juridiction de La Chapelle-sur-Erdre, sénéchal de la Desnerie, fut aussi seigneur de la Maison Neuve du Brézeul et de Lépeau. Le partage de son grand domaine (180 hectares et 9 maisons) fut long et compliqué. Mais il est riche d’enseignements sur l’histoire de l’agriculture chapelaine.

 

 

 

            Le présent article décrit le partage du domaine Terrien effectué en 1756 au décès de sa veuve. C’est un domaine d’une taille significative : 9 maisons et plus de 180 hectares de terres répartis en 133 parcelles dispersées autour de deux axes. L’un ouest/est : de Lépeau au bourg actuel de La Chapelle-sur-Erdre. L’autre sud/nord : de Mazaire à Mouline, plus un complément dans les prés-marais de Couëron et St Etienne de Montluc. On peut estimer que cette propriété représente plus de 10% des terres mises en valeur ou utilisées à l’époque à La Chapelle. Celle-ci compte alors moins de deux mille habitants répartis sur tout un territoire  dont les principaux centres sont les Cahéraux, la Vrière, la Gergaudière, la Mirais, la Brosse, Mouline…. et ce qui deviendra le 'bourg'. Pour l’heure, il n’en a pas encore le statut car ce n’est pas l’agglomération la plus importante. Hormis une église en mauvais état, on n’y trouve pas d’équipements collectifs, ni de 'bourgeois' mais surtout des petits paysans comme par exemple à la Gilière où, à l’emplacement de la mairie actuelle, il n’y a qu’une modeste ferme.

 

 

 La Maison Neuve acquise par René Terrien en 1686 sur la parcelle du Brézeul près de l’église, actuellement rue de la Gascherie.

 

 

Les anciens cheminements passant par la Verrière    et allant jusqu’au château disparu de la Jonelière

            De nos jours, annoncer que l’on passe par la Verrière, c’est indiquer que l’on va emprunter la D69 qui permet d’atteindre sans trop d’encombres le quartier de Nantes du Bout des Landes à partir de la Vrière, ou qu’à l’occasion d’une promenade on viendra admirer le site de l’ancien village de la Verrière situé sur le Gesvres dont il ne reste plus que les ruines au pied des arches du 'vieux' viaduc.

           

Tous les chapelains (ou presque) connaissent ce site remarquable aujourd'hui préservé. L’association du Pas des Siècles a réalisé en 2004 un document (La Verrière d’hier à aujourd’hui) et une exposition en 2011 qui retracent l’histoire de cet ancien moulin et de son village ainsi que de l’impressionnant viaduc construit entre 1847 et 1851 enjambant le Gesvres, gommant ainsi les difficultés de ce lieu de passage accidenté.

            Il ne semblait donc plus y avoir grand-chose à ajouter à ce travail documenté. Demeuraient cependant plusieurs points non éclaircis : qui était à l’origine de cette 'chaussée moulin' dont on imagine selon les documents les plus anciens qu’elle aurait vu le jour vers le 12ème siècle ? Quels en étaient les chemins d’accès probables ? Pourquoi avoir choisi ce site ?  Et finalement pourquoi ce nom de Verrière qui est parvenu jusqu’à nous sans que l’on puisse spontanément en donner le sens ?

            C’est à ces différentes questions que cet article tente d’apporter une réponse. De manière un peu inattendue, les réflexions et hypothèses développées ici conduisent bien plus loin qu’envisagé au départ. A défaut de fournir une vérité historique indiscutable, il permettra peut-être à l’occasion d’une promenade autour de ce site d’alimenter l’imagination du lecteur ? 

      

Vue du plan d'eau (Gesvres) devant la chaussée du village de Verrière

 

 

 

      Récit de Félix Maisonneuve

 

 

                     Félix Maisonneuve est né le 15 mai 1940, au début de la guerre 1939-1945, dans une famille de Mouline à La Chapelle-sur-Erdre.

            Ferdinand (le père) est revenu très handicapé de 4 ans de captivité en Autriche, quasiment paralysé. C’est donc Ferdinand le fils aîné, né en 1935 et Félix son cadet qui faisaient tourner l’exploitation.

            Comme les jeunes paysans de l’époque, il a quitté l’école à 14 ans pour travailler en tant qu’aide familial sur l’exploitation de ses parents Ferdinand et Anne-Marie, exploitation très morcelée d’une vingtaine d’hectares.

            A son retour du Service Militaire, effectué dans un régiment de parachutistes en Algérie, Félix a quitté « la Terre » pour aller travailler à « la Ville » de Nantes en qualité d’employé municipal. Le frère aîné a repris l’exploitation.

            Félix est décédé le 26 janvier 2015. Il y a quelques années, il avait remis à l’association Au Pas Des Siècles, un long manuscrit racontant sa jeunesse à Mouline. Son récit est très riche. C’est un témoignage qui nous plonge d’une façon très concrète dans l’histoire rurale des années 1940 et 1950 à La Chapelle. Nous remercions ses enfants de nous autoriser à le publier in extenso.